Rediffusion du live Youtube
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Le 9 décembre 2021 s’est déroulée la quatorzième édition du colloque organisé par les étudiants du master ISME, intitulé Des Terres Minées : L’Environnement au cœur du conflit.
Cet événement a lieu grâce aux responsables du master Rémi Chappaz et Georges Olivari, et au grand soutien de Mariane Domeizel, vice-présidente du développement durable à l’université d’Aix-Marseille.

Quatre intervenants se sont joints au sujet à travers leurs disciplines respectives : Jacques Daligaux, enseignant-chercheur en géographie à l’université d’Aix Marseille ; Cécilia Claeys sociologue en environnement ; Gaëlle Le Bloa médiatrice scientifique en environnement spécialisée dans la gestion de conflit ; et Thierry Tatoni, enseignant-chercheur en écologie à l’université d’Aix-Marseille.
Déroulement de la journée

9h45 : Ouverture du colloque
10h00 : 1ʳᵉ conférence : Les études d’impact des projets – Jacques Daligaux
Jacques Daligaux a ouvert le cycle de conférences avec la présentation des études d’impact qui s’inscrivent directement dans le cycle de protection de l’environnement. Mais dans un contexte politique actuel qui connaît une volonté de facilitation d’obtention des autorisations et un affaiblissement de la démocratie participative, on note le développement de tendances qu’il qualifie d’« insidieuses ». Ainsi, il a relevé une contraction du champ de l’enquête publique, des arbitrages préfectoraux sous pression et un affaiblissement des moyens de contrôle administratifs et judiciaires. Il a précisé avec importance que l’étude d’impact n’est pas un acte administratif, c’est un document scientifique. Son utilité est double : informer le public et éclairer la personne qui va donner les mesures administratives (le préfet). Durant son discours, Jacques Daligaux a définit quelques notions clés pour comprendre tout l’enjeu des études d’impact. Parmi elles, l’équivalence écologique, qui se caractérise par une compensation entre les altérations écologiques (au niveau des espèces, des habitats et des fonctionnalités) et la restauration de ces dernières, ce qui implique une grande difficulté technique. L’étude d’impact doit être proportionnelle aux enjeux du terrains, comprendre les effets directs et indirects, au long et au moyen terme, à différentes échelles spatiales. La grande limite de la compensation se place au niveau des impacts sur la santé humaine. Il ne peut effectivement pas y avoir de compensation estimée suffisante à la dégradation de la santé humaine.
11h15 : 2ᵉ conférence : Du conflit à la concertation environnementale, et inversement – Cécilia Claeys
Cécilia Claeys fut la deuxième invitée. Elle a apporté le regard de la sociologie sur la question du conflit environnemental avec comme grande question : La démocratie participative est-elle une solution pour résoudre les conflits environnementaux ? L’idée à retenir est le caractère potentiellement bénéfique des conflits, qui peuvent être un terrain de discussions fertiles.
Elle a définit les termes clés de son sujet qui sont l’appel à concertation (réunion d’information), la consultation (écoute suivie de décision) et la concertation (co-construction de la décision) pour aborder les « effets pervers » de la démocratie participative environnementale. La France, du fait d’une culture de la démocratie participative récente, semble se contenter de concertations dites « pompiers » qui ne sont mises en place qu’au moment du conflit. Lorsque la concertation n’est pas réalisée en amont, elle n’a pas la forme d’une co-construction, mais la forme d’une persuasion ou d’une imposition. Dans ce contexte, la concertation devient une source de frustration pour les participants. La discrimination, difficilement évitable dans les concertations, est également pointée du doigt. Enfin, l’émergence de « l’happycratie » (ou la « démocratie du post-it ») tendrait à invisibiliser l’objectif des concertations.
Ainsi, il est nécessaire que la concertation soit préventive et animée par des personnalités neutres.
12h00 – 13h30 : Clôture de la première partie – Pause déjeuner
13h40 : 3ᵉ conférence : La médiation en gestion de conflit en environnement – Gaëlle Le Bloa
Gaëlle Le Bloa a présenté la médiation comme moyen de résolution des conflits environnementaux. Elle met en avant l’utilisation d’un outil pertinent pour le dialogue : la communication non violente et appuie sur l’importance de la place de l’individu dans le dialogue qui elle doit être centrale.
La communication non violente se base sur le principe d’une communication traditionnelle avec une invitation à déployer son être (à travers 4 piliers : observation, sentiment, besoin et demande).
On a retenu la nécessité pour le médiateur de créer un cadre bienséant, comprenant sécurité, respect et écoute pour le déploiement du dialogue. C’est au médiateur d’organiser le déroulé de la réunion, et de favoriser la création du groupe. L’interconnaissance est essentielle, elle se crée autour d’espace favorisant le partage de regards et garantissant l’expression de tous. Des outils brise-glaces ou faisant appel au sensitif et ludique (ex : le photolangage) existent pour favoriser la participation collective. L’intelligence collective réside dans une intervention de chacun placé au même niveau et placé sous un respect des idées.
13h50 : 4ᵉ conférence : Comment aborder la complexité de la transition écologique ? – Thierry Tatoni
Thierry Tatoni nous a expliqué comment affronter la complexité de la transition écologique en cours, qui peut être perçue comme un idéal.
Pour cela, son équipe de travail met en place une structure spécifiquement dédiée à l’étude de la transition écologique rassemblant des disciplines allant de la philosophie jusqu’à la physique des matériaux.
Il a souligné l’importance de la production de connaissances. Néanmoins, la connaissance est loin d’être le seul levier à actionner pour enclencher la transition écologique. Premièrement, ce levier n’est pas bon s’il reste disciplinaire. Il faut aussi envisager une transdisciplinarité entre les sciences biophysiques et les sciences humaines et sociales. Deuxièmement, il faut s’inscrire dans une logique de partage des connaissances. L’objectif est aussi d’avoir une vision la plus globale possible : la vision intégrative a du potentiel pour fournir des éléments importants. Il est intéressant d’envisager une science moins égocentrée, plus ouverte d’esprit.
14h05 : TABLE RONDE : Les idées à retenir, avec Jacques Daligaux, Cécilia Claeys, Gaëlle Le Bloa et Thierry Tatoni.
L’éducation à l’environnement. Si on ne s’attaque pas aux structures de la société on ne peut espérer un changement. L’éducation à l’environnement doit aussi être accompagnée d’une éducation au dialogue.
La médiation scientifique. Il est hautement nécessaire de rendre la connaissance compréhensible par tous.
La communication non violente, qui intervient toujours en amont et consiste en un dialogue respectueux entre deux partis.
La neutralité du médiateur. Le médiateur est là pour aider au rapprochement entre les partis. Il ne doit pas sortir de sa neutralité mais doit faire en sorte que les personnes qui sont autour de la table soit les « bonnes » personnes pour traiter du sujet : pertinentes et complémentaires. Ce sont ces personnes qui vont incarner et défendre la gestion du bien commun.
Les limites de la médiation. Dans des conflits très difficiles, qui engagent la santé des individus ou la destruction définitive de biens, et dans lesquels les points de vue ne sont pas conciliables, il est compliqué d’envisager une résolution malgré l’utilisation de la médiation. Le conflit nous place dans une situation de combat, chacun a des armes quelle que soit leur représentation. La notion de concertation en médiation n’a pas de place attribuée. Elle n’arrive pas à se positionner en tant qu’arme.
Cependant, son utilisation est toujours bénéfique car elle mobilise les ressentis propres à chacun ce qui est toujours une réussite dans un conflit. L’abandon d’un parti peut être considéré comme une réussite même si ce n’est pas une résolution parfaite car on considère que la situation a été débloquée.
L’anticipation de conflit. Il faut directement aller voir ce qui se passe sur le terrain, valable pour toutes les entités. Et lorsqu’on est scientifiques, cela aide à être perçu différemment.
L’intelligence collective, qui, par la communication non-violente, vise à réunir plusieurs acteurs afin d’aboutir à la résolution d’un problème.
La concertation. Plus elle arrive en amont, plus elle a des chances de réussir. La concertation « pompier » est vouée à l’échec. Il faut veiller à ne pas tomber dans ses effets pervers, c’est-à-dire à aboutir dans l’oubli des objectifs.
Le savoir de l’expert. L’expert est un scientifique qui est amené à mobiliser des connaissances scientifiques. Attention : le scientifique n’est pas le naturaliste, et inversement. Les deux se complètent mais on ne peut se fier strictement à une expertise naturaliste : c’est ce qui pose un problème car cela représente la majorité des cas d’expertise. Il est important de prendre en compte une expertise qui, par l’interdisciplinarité, permettent la résolution d’un conflit environnemental.
Le rôle du progrès, aussi bien intellectuel que spirituel.
Les ordres de mission, qui consistent en une solution de médiation impliquant l’intervention d’experts.
L’application du droit, qui reste incorrecte dans beaucoup de dossiers.
Les lacunes de notre système, principalement le manque de responsabilisation juridique et pénale ainsi que le manque d’inventivité des décideurs.
Un paradoxe comme limite. Nous sommes des êtres qui aspirent à des choses contradictoires : nous vivons dans un paradoxe. Nous voulons tous les avantages, sans les inconvénients. Le matérialisme historique est inscrit dans nos territoires, ce sont les choix d’hier qui entraînent des conséquences sur les structurations de nos sociétés d’aujourd’hui. Il y a des contradictions entre les injonctions et les structurations.
L’accès aux ressources, la pollution atmosphérique et l’Energie s’imposent comme les conflits majeurs d’aujourd’hui et de demain. La santé et l’indépendance sont sévèrement mises à mal.
Enfin, pour conclure, l’éducation et l’anticipation sont les deux outils à retenir afin de conserver un état d’esprit optimiste.
16h20 : La conclusion de Manon
Organisé et animé par :
Fanny KARATCHODJOUKOVA
Lewisia TOLEDO-PONCET
Pauline GAUFFRE-CASTAING
Manon PELISSIER
Agathe GAREL
Floriane MAZZELLA
Angie MOULLET
Manon BACHELET
Ulysse RAIBALDI
Julie AUBOURG
Mylène LE CAËR
Nila NICOLA
Sarah VIDAL
Pierre-André MOTTA-PIGAGLIO