
Dans le cadre du cours de Mme. Gachet, « Écologues & Engagés ? », nous avons remis en question l’importance de la traditionnelle neutralité des scientifiques.
Les écologues doivent-ils être engagés ?
Ou au contraire, afin de préserver leur « crédibilité », doivent-ils mettre de côté leurs opinions et simplement récolter des données ?
Pour approfondir le débat, Mme. Gachet a demandé à trois intervenants, trois scientifiques engagés de venir nous rencontrer. Chacun d’entre-eux nous a offert un point de vue différent et a su répondre à nos questions à travers son expérience. Ces dernières étaient basées sur des documents choisis en amont par la professeur, sur lesquels nous avons travaillé en groupes avant l’arrivée des intervenants.
En cours, nous avons réalisé un travail plus formel, une note de synthèse, résumant une dizaine de documents sur les relations entre le monde scientifique et politique. Enfin, Mme. Gachet nous a proposé de réaliser un travail plus créatif sous la forme de billets d’humeur, dont deux ont été sélectionnés : celui de Domitille et celui de Pauline.

Neutralité scientifique : un luxe qui n’est plus permis
De Pauline Albero
Les scientifiques devraient-ils rester neutres, enfermés dans leurs laboratoires, à observer un monde en crise par la fenêtre ? Voilà une question qui, à elle seule, pourrait déclencher un débat plus long que le temps qu’il reste aux glaciers pour fondre complètement. Depuis quand la recherche doit-elle être aseptisée, hors du temps et des passions humaines ? Le pédiatre reste-t-il impassible devant un enfant qui s’étouffe en déclarant : « intéressant regardez, il manque d’oxygène » ?
En écologie, pendant que certains politiques hésitent encore à admettre que le
réchauffement climatique n’est pas une invention de véganes auto-stoppeurs fan de toilettes sèches, les scientifiques multiplient les alertes. Mais leur rôle devrait-il s’arrêter à faire le constat du nombre de limites planétaires dépassées, de l’avancement du jour de dépassement mondial ou de la disparition des insectes ?
Certains pensent qu’un scientifique engagé, est un scientifique biaisé. Mais
raisonnement tient-il face à l’urgence de la situation ? Ce raisonnement tient-il quand c’est l’humain qui est responsable de la situation ?
En face, les politiques brandissent souvent l’argument simpliste que les scientifiques se contredisent entre eux et au fil du temps dans leur course aux publications, ce qui constitue une excuse commode pour justifier l’inaction. Pourtant, les scientifiques sont univoques concernant l’existence d’une urgence d’agir pour assurer la pérennité de l’humain. Les politiques préfèrent cependant se concentrer sur des décisions peu contraignantes comme l’interdiction de la vaisselle en plastique mais continuent à se déplacer en jet privé entre
Paris, et la terre lointaine nommée province.
Le problème réside, alors, en un manque de considération et de communication des deux parties. Ainsi, chers scientifiques, chers politiques : et si vous mettiez de côté vos egos et vos préjugés pour enfin avancer ensemble ? Parce qu’à force de jouer à « c’est pas moi c’est lui qu’à commencé », ce ne sont pas seulement les espèces qui disparaissent, mais la confiance des citoyens !
Si chercheurs et politiques ne parviennent pas à fixer les règles du jeu seuls, ils ont sûrement besoin d’un arbitre qui pourrait être le médiateur scientifique, figure neutre débat. Ce médiateur pourrait traduire les faits en solutions concrètes, sans déformer la science ni céder aux pressions politiques.
Mais franchement, la neutralité, c’est bien. Mais quand la maison brûle, quelqu’un doit bien se lever pour crier : au feu !
Faisons l’autruche !
De Domitille Lacore
L’engagement est inutile. Dans le domaine de l’écologie, il ne sert qu’à donner bonne conscience aux bobos-écolos moralisateurs. Qu’ils aillent trier leur compost et ne viennent pas nous emmouscailler. C’est vrai quoi ! S’engager signifie défendre une cause. S’engager pour l’environnement oblige à accepter de voir le problème de nos sociétés capitalistes en face. S’engager signifie essayer de penser aux générations futures et arrêter d’être des imbéciles égoïstes.
S’engager ne sert donc vraiment à rien. Ils disent que s’engager pour l’environnement c’est s’engager « pour une bonne cause » ! Mais laquelle ?? Le nombre de pétitions pour arrêter l’abattage des arbres ou la pêche intensive augmente aussi vite que le nombre de goélands dès que tu sors un sandwich sur une plage de Marseille. Est-ce que c’est mon problème si les poissons se laissent prendre dans les filets ? Je ne crois pas non.
Les scientifiques alarment la population. Ça donne des activistes qui jettent de la soupe sur une peinture de fleurs de Van Gogh. Bon, c’était juste sur la vitre qui protégeait la peinture et pas sur la peinture elle-même… Mais je comprends bien pourquoi les gens s’énervent. On pourrait penser à tort : « Pourquoi ces gens-là se soucient-ils plus d’une peinture de fleurs que des fleurs de leur jardin ? » Les fleurs d’une peinture exposée dans un musée dans lequel on ne va jamais, on n’a pas besoin de leur changer l’eau…
Donc ce sont eux, les vrais écolos !
L’engagement n’est ni utile ni bénéfique à notre société actuelle. Je dirais même qu’il est néfaste ! Il vaudrait mieux que les scientifiques soient neutres. Oui, neutres. Comme les savons à pH neutre, ça ne vous attaque pas ça au moins… De toute façon, qui a dit que l’écologie était une vraie science ? A quoi ça sert d’affoler les gens qui ne demandent qu’à vivre dans l’insouciance comme des enfants de 5 ans ?
Alors, pour arrêter d’entendre toutes ces bêtises, je pense qu’il vaut mieux adopter la fameuse technique de l’autruche et foncer tout droit dans le mur. Il est plus intéressant de favoriser la fainéantise intellectuelle et le déni, surtout dans la classe politique. Et pour les scientifiques qui nous font l’affront de s’engager, on les accuse d’être au service de certaines valeurs… Mais quelles valeurs ? D’aimer leurs enfants et petits-enfants et de faire leur possible pour qu’on ne leur laisse pas un monde pourri jusqu’aux racines ? En réalité, les scientifiques s’engagent car ils ont trop de temps à perdre, c’est bien connu.
Dans les faits, il existe un métier qui serait censé rendre la science accessible à tous pour que chacun puisse développer ses connaissances et agir à son échelle en faveur de certaines causes comme celle environnementale par exemple. Comment s’appelle-t-il déjà… ? Ah oui, « médiateur scientifique ». Mais on sait tous que si personne ne les embauche c’est parce qu’ils ne servent pas à grand-chose. Rendre la science accessible ! Mais pour quelle raison ? Il vaut mieux que la science reste là où elle est : dans un monde à part avec une frontière bien nette pour le séparer de la société et de la politique.
Les scientifiques disent que le doute est la base des hypothèses en science. Voilà, on va semer le doute et financer des recherches foireuses. Comme ça les politiques se diront qu’ils peuvent faire les choix qu’ils veulent… De toute façon, les scientifiques ne sont pas d’accord entre eux donc autant s’amuser un peu… C’est quand même vachement drôle de raconter n’importe quoi et de voir des gens perdus et désespérés adhérer à nos bêtises.
Les scientifiques se fâchent et disent qu’on ne tient pas compte de leurs recherches. Mais ils devraient accepter qu’on ne les écoute pas car ils sont trop pessimistes. Ils appellent cela du réalisme, ben voyons. Ils devraient essayer « d’enchanter le monde » pour être davantage écoutés… Ils sont déjà enseignants-chercheurs, je pense qu’exiger qu’ils soient aussi poètes ne serait pas trop demandé !
Si on demande aux scientifiques d’être neutres, c’est bien pour une raison quand même. C’est facile de rester neutres lorsqu’on sait que la biodiversité est menacée à cause de la destruction des habitats ! Les ours polaires par exemple, ils peuvent bien nager un peu ! Bon, c’est vrai que j’aurais la flemme de devoir nager toute la journée parce que ma maison a fondu…
Après, si on réfléchit une demi-seconde, on peut quand même se rendre compte que demander aux scientifiques d’être neutres c’est comme leur demander d’être des robots. « Faites vos recherches mais ne ressentez rien svp, on n’a pas le temps pour vos états d’âmes ! Et si vous avez besoin d’agir, vous n’avez qu’à aller cultiver des carottes ! »
Enfin avec les développements de l’Intelligence Artificielle, peut-être qu’on finira même par avoir des robots éco-anxieux, qui sait ? Allez, retournons donc faire l’autruche, c’est quand même vachement plus sympa !
